Le Prix Gros Sel

Le Prix Gros Sel, c'est fini (2005-2015)

Patrick Lowie, créateur du Prix Gros Sel a annoncé la fin de ce prix littéraire.

"Les raisons sont simples : Le Prix Gros Sel voulait naïvement et avec dérision changer le monde de la littérature. Nous devons constater que nous sommes ce monde et qu'il ne change pas. Les auteurs ont commencé à prendre le Prix Gros Sel au sérieux, à pleurer pour l'avoir, à le revendiquer, le copier ou demander le recomptage des votes. Rien n'a jamais été aussi transparent et ridiculement démocratique que le Prix Gros Sel. Ce prix, quand je l'ai imaginé, c'était une idée, je pensais ne le faire qu'une seule fois. Je ne l'avais jamais imaginé en tant que réalité. Je suis persuadé que vous voyez la différence entre l’idée et la réalité. L'idée est devenue une abstraction. J'ai entendu des discussions sur la nécessité d'un tel prix, sur la compétence des internautes ou du jury. Nous avions perdu le sens originel de ce prix : se moquer des prix littéraires. Se moquer de leurs petites magouilles, rire de leurs retours d'ascenseur, piaffer de les voir émus alors qu'ils ne le sont pas. Mon but n'était pas de faire un prix littéraire mais de me moquer de tous les prix littéraires et surtout du Prix Gros Sel. En moyenne, nous recevions chaque année 800 votes. Je remercie toutes ces personnes d'avoir joué au jeu de la moquerie."
Patrick Lowie, Bruxelles septembre 2015

Le prix gros sel, pourquoi faire ?

En 2005, le constat était évident en Belgique francophone : le seul prix littéraire, le Prix Rossel (organisé par le quotidien Le Soir et souvent présenté comme le Goncourt belge), fatigué sans doute, avait pris cette habitude quasi constante de ne récompenser que des auteurs belges francophones publiés dans des maisons d'édition françaises et surtout parisiennes et surtout de grandes maisons. Comme si, la Belgique, pays à part entière, n'avait pas d'éditeurs dignes de ce nom. Il fallait donc réveiller le mammouth et quoi de mieux que du gros sel ? Nous voulions aussi l'ouvrir aux éditeurs de tous les pays : la France, le Maroc, Haïti et le Québec ont été récompensés.

Faire des jeux de mot sur des noms de famille, ce n'est pas sympa. C'est irrévérencieux. Mais c'est drôle, oui Rossel vs Gros Sel - c'est drôle. Puis quand on connait les bienfaits du gros sel et son utilisation par les sorcières...

Notre réaction officielle à la réaction de Jean-Claude Vantroyen :

Les débuts
Le premier Prix Gros Sel a été décerné dans la librairie Aden à Bruxelles puis dans d'autres librairies. En 2006, un article très court paru dans Le Soir puis plus jamais. Comme s'il ne fallait surtout pas parler de cette bande d'hurluberlus éditeurs et écrivains qui voulaient que cesse l'esprit condescendant du Rossel. Le prix Gros Sel un peu potache, un rien ironique, sans prétention fait vite réagir le monde de l'édition. Beaucoup murmurent qu'en fait Le Prix Gros Sel n'est pas un prix littéraire. Pourtant depuis 2005, des milliers d'Internautes votent chaque année pour proposer un livre qu'ils ont aimé. Evidemment, aucun système n'est parfait et ce sont souvent les auteurs qui ont un réseau large qui réussissent à arriver dans le top 5. C'est le top 5 qui détermine les livres qui tombent dans les mains des membres du jury pour décerner le Prix du Jury; Les Internautes n'auraient-ils pas le droit de décider ? Un prix littéraire est-il forcément donné par un jury de l'élite pour être considéré comme tel. Ce sont évidemment les questions que soulevèrent la seule création du prix.

2007, la Ministre de la Culture s'en mêle.
Invitée en 2007 à la remise des prix dans une librairie italienne de Bruxelles, La Piola, la Ministre de la Culture, Fadila Laanan, annonce sans prévenir qu'elle avait décidé de remettre de l'argent aux heureux écrivains gagnants et qu'elle veut accorder son soutien à cet événement, en lui octroyant un subside, pour encourager une initiative qui, à côté des prix plus anciens, plus sérieux, offre l'alternative d'une nouvelle génération de prix littéraires, plus cocasses, plus espiègles. Pas vraiment demandeur, le Prix Gros Sel accepta finalement en remettant l'intégralité du montant du subside aux écrivains vainqueurs qui bénéficiaient ainsi d'une aide, certes minime, mais importante dans une période de crise budgétaire et culturelle comme celle vécue en ces années-là. En 2008, Fadila Laanan, toujours Ministre remettra le prix à Marco Van Hees.

Indépendance
L'administration de la Promotion des Lettres de la Communauté Française de Belgique ne voyant pas d'un très bon oeil ce "pseudo" prix littéraire, a tout fait pour ne jamais verser les subsides pourtant annoncés par la Ministre elle-même. En 2010, pour éviter toute discussion et perte de temps avec l'administration, le Prix Gros Sel les refuse et reprend son idée initiale : proposer un prix littéraire populaire (près de 2000 votes chaque année) de qualité mais sans prétention et offrir un demi kilo de gros sel, très utile dans la vie. Comme chaque année depuis 2005, le Prix Gros Sel est donné le même jour que le prix Victor Rossel, le premier mercredi du mois de décembre.

Polémiques
En 2013, des écrivains déçus (ou furieux ?) de ne pas avoir reçus le Prix Gros Sel, créent un contre-Gros Sel revendiquant des auteurs "made in France" (sic). Ils nomment ce prix : Le Prix Gros Sel de Guérande.
En 2013 également, l'écrivain Pierre Salducci critique publiquement la présence des livres de Patrick Lowie dans les listes à voter, hors ces listes sont créées par les Internautes eux-mêmes.

Le dernier Prix Gros Sel du Jury

LE PALMARES

Prix du public
2005 : Denis-Martin Chabot, Manigances, Bôchagri
2006 : Nicole Cage-Florentiny, C'est vole que je vole, Les oiseaux de papier
2007 : Laurent d'Ursel, Au diable les écrivains heureux !, 5C
2008 : Marco Van Hees, Didier Reynders, l'homme qui parle à l'oreille des riches, Aden
2009 : Maria Zaki, Triptyque fantastique
2010 : Mathieu Pierloot & Gaetan Saint-Remy, CHARLY SOLO Maelström
2011 : non attribué
2012 : Eric Piette Voz, Le Tallis Pré
2013 : Jean-Philippe Goossens, Les pAnsées, Cactus Inébranlable
2014 : Reda Dalil LeJob, ed. Le Fennec
2015 : Patrick Lowie, Charabia, P.A.T.

Prix du Jury
2005 : Alain Dantinne, Hygiène de l'Intestin, Labor,
2006 : Nicolas Ancion, Le poète fait sa pub, Maelström
2007 : Rose Berryl, DAMENNDYN et le grimoire d'Esklaroth, Luce Wilquin
2008 : Joëlle Sambi, Le monde est gueule de chèvre, Biliki
2009 : Valérie Nimal, Les minutes célibataires, Luce Wilquin
2010 : Pascal Blondiau, Dès l'instant, Les Carnets du Dessert de Lune
2011 : Serge Noël, Exil de nos ivresses, Maelström,
2012 : Philippe Leuckx, Au plus près, Éditions du Cygne
2013 : Karel Logist, Desperados, l'Arbre à paroles
2014 : Agnès Dumont, Mola Mola, Quadrature
2015 : Kenny Ozier-Lafontaine, Billes, Maelström

Prix Grands Enfants
2007 : Marie-Cécile Agnant, La légende du poisson amoureux, Ed. Mémoires d'encrier, Haïti-Québec
2008 : Eric Péladeau, Léo la lune et les cinq sens, Ed. du Vermillon, Québec
2009 : Alain Gérardin et Juliette Pinoteau, Le Petit Homme Gris, Ed. Les Oiseaux de papiers France
2010 : Rascal_(dessinateur), Les pensées de Rascal, Éditions Lédune France

Prix Diamant
2006 : Jean-Louis Murat, 1451, France
2007 : Salim Hatubou & Jean-Pierre Vallorani, Comores Zanzibar, Ed. Françoise Truffaut, France-Comores
2008 : Franco Battiato, Niente è come sembra, Italie
2009 : El Maghreb, Homecooking